Publié : 15 janv. 2011 13:58
Article de Simon Meier dans Le Temps
je me permet de le copier car pas lisible si pas inscrit
Longtemps minée par l’interminable combat Oracle-Alinghi, l’épreuve peut reprendre ses droits. Tandis que les concurrents du tenant américain pêchent le sponsor et dessinent des plans, les organisateurs promettent une 34e édition inoubliable
Ça ne bouillonne pas encore aux pieds du Golden Gate Bridge. Mais gentiment, San Francisco se lève – comme chantait le propriétaire d’une maison bleue – à l’idée d’accueillir à l’été 2013 la 34e Coupe de l’America. Désignée le 31 décembre, la cité californienne a reçu mardi dernier la visite de l’aiguière d’argent. Au menu: grande pompe, force paillettes, tapis rouge et poses aguicheuses avec vue sur la baie. «C’est un grand jour pour notre ville, qui a gagné le droit d’organiser cette épreuve historique, avec toutes les retombées économiques, les créations d’emplois et l’excitation qui vont en découler», s’est réjoui le maire démocrate Gavin Newsom. «San Francisco est le plus bel endroit sur Terre pour accueillir un événement de cette stature. Nous ne pourrions pas être plus fiers: nous sommes la ville qui ramène la Coupe de l’America à la maison, aux Etats-Unis.»
Alinghi a jeté l’éponge, le port de Valence appartient à l’histoire – et aux Valenciens. Mais l’épopée ne s’arrête pas là. Au contraire: après deux ans de bisbilles entre Ernesto Bertarelli et Larry Ellison, après la victoire d’Oracle sur l’eau en février 2010, il s’agit désormais de repartir sur une vague positive. «Après l’édition 2007, qui fut un grand succès sportif et médiatique, beaucoup d’équipes étaient prêtes à vite repartir dans l’aventure», explique Bertrand Pacé, skipper et directeur sportif du syndicat Aleph-Equipe de France. «Ces deux ans ont été assez mal vécus par la plupart des navigants. On a mis beaucoup de bonnes choses à la poubelle pour une bataille d’ego. Mais c’est du passé. Il y a un nouveau format, un nouveau bateau, un planning à tenir… C’est excitant, passionnant, et c’est ça le plus important.»
Outre les Français, on trouve pour l’heure cinq inscrits sur la ligne de départ: le Challenger of record italien Mascalzone Latino, Team New Zealand, les Suédois d’Artemis et deux «restés anonymes». En attendant le bouclage des inscriptions fin avril, Oracle table sur une dizaine de prétendants – on évoque des pistes asiatiques, australiennes et sud-américaines notamment. «La Coupe, c’est déjà demain», prévient Philippe Ligot, directeur général d’Aleph. «Ceux qui ne seront pas prêts le mois prochain auront du mal.»
Nous sommes, à vrai dire, en pleine saison de la chasse. Dans le viseur: sponsors, donateurs, partenaires et mécènes. «Il faudra au moins 60 millions de budget pour espérer être dans le dernier carré», jauge Bertrand Pacé, qui s’apprête à vivre sa septième édition depuis 1987. «Nous visons un gros poisson à 50 millions ou deux à 25, plus les partenaires de moindre envergure», expose Philippe Ligot. «Ces sommes peuvent paraître ridicules pour briller sur l’America. Mais avec la restriction sur la jauge, la baisse des frais logistiques et des masses salariales, ça va dans le bon sens au niveau de la limitation des coûts. Avec 60 ou 70 millions, nous aurions les moyens de faire quelque chose de propre.»
Chez Artemis, propriété de l’homme d’affaires suédois Torbjorn Tornqvist, passionné de voile et de tennis, on ne donne pas l’impression de trop compter. La rumeur évoque une enveloppe de quelque 150 millions d’euros. «Je ne vous donnerai pas de chiffres», s’excuse au bout du fil Jennifer Hall, directrice du marketing et de la communication. «Nous avons un bon budget, nous sommes confiants. Monsieur Tornqvist ne se serait pas lancé dans un tel projet s’il pensait qu’il n’était pas possible de battre Oracle. Le but est de gagner, peut-être pas lors de cette édition, mais la suivante.» Sportivement, telle sera la question: les Américains tout-puissants peuvent-ils être déshérités au moment où ils ramènent le trophée chez eux pour la première fois depuis 1995? «Tout n’est pas non plus parfait chez eux», ose Bertrand Pacé. «Bien sûr, ils ont une longueur d’avance dans leurs recherches technologiques [sur les monocoques et la fameuse aile rigide], des moyens illimités et de très bons navigants. Mais la Coupe est quelque chose de difficile à défendre, j’en sais quelque chose [il appartenait au Defender néo-zélandais lors de la défaite face à Alinghi en 2003]. Ils seront indéniablement favoris, mais imbattables, je ne pense pas.»
Il faut bien ménager le suspense. Et faire prendre la mayonnaise: «Pour moi qui suis né dans cette ville, pour moi qui ai grandi en naviguant ici, c’est un rêve de gosse qui se réalise», s’extasie Paul Cayard, vieux briscard de l’épreuve et figure de proue d’Artemis. «Le monde verra la voile comme jamais encore il ne l’a vue.»
Un discours d’ambassadeur, tant il colle au slogan des organisateurs, simple et efficace: mettre les meilleurs marins du monde sur les bateaux les plus rapides. Avec les «America’s Cup World Series», une douzaine de rendez-vous échelonnés entre l’été prochain et fin 2012, on reprend le concept des «Actes» créé par Alinghi en amont de l’édition 2007. L’idée est de permettre aux concurrents de se confronter en mode compétition; et d’offrir davantage de visibilité aux sponsors qui paient suffisamment cher pour cela.
Ils ne devraient pas être déçus. Car l’objectif premier de cette 34e édition paraît limpide: continuer à dépoussiérer l’aiguière, élargir encore son audience. Craig Thompson, qui contribua largement à la commercialisation foudroyante de la Ligue des champions au début des années 1990, a été engagé en ce sens au poste de CEO de l’America’s Cup Event Authority. «Lors de l’une de nos premières réunions, Larry Ellison nous a donné pour mandat de rendre ce sport plus populaire à la télévision, de capter l’intérêt des jeunes grâce aux nouvelles technologies.» San Francisco, qui ploie sous 380 millions de dollars de dettes et qui attend le feu vert des instances écologiques pour commencer les travaux, est prête à se lever.
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Longtemps minée par l’interminable combat Oracle-Alinghi, l’épreuve peut reprendre ses droits. Tandis que les concurrents du tenant américain pêchent le sponsor et dessinent des plans, les organisateurs promettent une 34e édition inoubliable
Ça ne bouillonne pas encore aux pieds du Golden Gate Bridge. Mais gentiment, San Francisco se lève – comme chantait le propriétaire d’une maison bleue – à l’idée d’accueillir à l’été 2013 la 34e Coupe de l’America. Désignée le 31 décembre, la cité californienne a reçu mardi dernier la visite de l’aiguière d’argent. Au menu: grande pompe, force paillettes, tapis rouge et poses aguicheuses avec vue sur la baie. «C’est un grand jour pour notre ville, qui a gagné le droit d’organiser cette épreuve historique, avec toutes les retombées économiques, les créations d’emplois et l’excitation qui vont en découler», s’est réjoui le maire démocrate Gavin Newsom. «San Francisco est le plus bel endroit sur Terre pour accueillir un événement de cette stature. Nous ne pourrions pas être plus fiers: nous sommes la ville qui ramène la Coupe de l’America à la maison, aux Etats-Unis.»
Alinghi a jeté l’éponge, le port de Valence appartient à l’histoire – et aux Valenciens. Mais l’épopée ne s’arrête pas là. Au contraire: après deux ans de bisbilles entre Ernesto Bertarelli et Larry Ellison, après la victoire d’Oracle sur l’eau en février 2010, il s’agit désormais de repartir sur une vague positive. «Après l’édition 2007, qui fut un grand succès sportif et médiatique, beaucoup d’équipes étaient prêtes à vite repartir dans l’aventure», explique Bertrand Pacé, skipper et directeur sportif du syndicat Aleph-Equipe de France. «Ces deux ans ont été assez mal vécus par la plupart des navigants. On a mis beaucoup de bonnes choses à la poubelle pour une bataille d’ego. Mais c’est du passé. Il y a un nouveau format, un nouveau bateau, un planning à tenir… C’est excitant, passionnant, et c’est ça le plus important.»
Outre les Français, on trouve pour l’heure cinq inscrits sur la ligne de départ: le Challenger of record italien Mascalzone Latino, Team New Zealand, les Suédois d’Artemis et deux «restés anonymes». En attendant le bouclage des inscriptions fin avril, Oracle table sur une dizaine de prétendants – on évoque des pistes asiatiques, australiennes et sud-américaines notamment. «La Coupe, c’est déjà demain», prévient Philippe Ligot, directeur général d’Aleph. «Ceux qui ne seront pas prêts le mois prochain auront du mal.»
Nous sommes, à vrai dire, en pleine saison de la chasse. Dans le viseur: sponsors, donateurs, partenaires et mécènes. «Il faudra au moins 60 millions de budget pour espérer être dans le dernier carré», jauge Bertrand Pacé, qui s’apprête à vivre sa septième édition depuis 1987. «Nous visons un gros poisson à 50 millions ou deux à 25, plus les partenaires de moindre envergure», expose Philippe Ligot. «Ces sommes peuvent paraître ridicules pour briller sur l’America. Mais avec la restriction sur la jauge, la baisse des frais logistiques et des masses salariales, ça va dans le bon sens au niveau de la limitation des coûts. Avec 60 ou 70 millions, nous aurions les moyens de faire quelque chose de propre.»
Chez Artemis, propriété de l’homme d’affaires suédois Torbjorn Tornqvist, passionné de voile et de tennis, on ne donne pas l’impression de trop compter. La rumeur évoque une enveloppe de quelque 150 millions d’euros. «Je ne vous donnerai pas de chiffres», s’excuse au bout du fil Jennifer Hall, directrice du marketing et de la communication. «Nous avons un bon budget, nous sommes confiants. Monsieur Tornqvist ne se serait pas lancé dans un tel projet s’il pensait qu’il n’était pas possible de battre Oracle. Le but est de gagner, peut-être pas lors de cette édition, mais la suivante.» Sportivement, telle sera la question: les Américains tout-puissants peuvent-ils être déshérités au moment où ils ramènent le trophée chez eux pour la première fois depuis 1995? «Tout n’est pas non plus parfait chez eux», ose Bertrand Pacé. «Bien sûr, ils ont une longueur d’avance dans leurs recherches technologiques [sur les monocoques et la fameuse aile rigide], des moyens illimités et de très bons navigants. Mais la Coupe est quelque chose de difficile à défendre, j’en sais quelque chose [il appartenait au Defender néo-zélandais lors de la défaite face à Alinghi en 2003]. Ils seront indéniablement favoris, mais imbattables, je ne pense pas.»
Il faut bien ménager le suspense. Et faire prendre la mayonnaise: «Pour moi qui suis né dans cette ville, pour moi qui ai grandi en naviguant ici, c’est un rêve de gosse qui se réalise», s’extasie Paul Cayard, vieux briscard de l’épreuve et figure de proue d’Artemis. «Le monde verra la voile comme jamais encore il ne l’a vue.»
Un discours d’ambassadeur, tant il colle au slogan des organisateurs, simple et efficace: mettre les meilleurs marins du monde sur les bateaux les plus rapides. Avec les «America’s Cup World Series», une douzaine de rendez-vous échelonnés entre l’été prochain et fin 2012, on reprend le concept des «Actes» créé par Alinghi en amont de l’édition 2007. L’idée est de permettre aux concurrents de se confronter en mode compétition; et d’offrir davantage de visibilité aux sponsors qui paient suffisamment cher pour cela.
Ils ne devraient pas être déçus. Car l’objectif premier de cette 34e édition paraît limpide: continuer à dépoussiérer l’aiguière, élargir encore son audience. Craig Thompson, qui contribua largement à la commercialisation foudroyante de la Ligue des champions au début des années 1990, a été engagé en ce sens au poste de CEO de l’America’s Cup Event Authority. «Lors de l’une de nos premières réunions, Larry Ellison nous a donné pour mandat de rendre ce sport plus populaire à la télévision, de capter l’intérêt des jeunes grâce aux nouvelles technologies.» San Francisco, qui ploie sous 380 millions de dollars de dettes et qui attend le feu vert des instances écologiques pour commencer les travaux, est prête à se lever.