Nous sommes partis le 28 et arrivés le 6 en un peu plus de 9 jours. Nous savions en partant que la fenêtre ne nous permettrait pas de battre le record, mais nous espérions tout de même finir en moins de 8 jours. Les 48 premières heures ont été assez sportives, à la hauteur de la réputation du parcours et du bateau et on était à peu près dans les temps du record mais à partir du 3ème jour ça a molli en adonnant donc on a navigué moins vite et presque jamais sur la route directe. Finalement l'anticyclone qui emmerde tous les voileux cette année est resté plus haut que ce que la météo laissait espérer (au total on a fait 450nm de plus que la route directe).
A partir du 5ème jour, la motivation a chuté d'un cran donc on a perdu un peu de temps bêtement sur la fin, mais ça n'avait plus d'enjeu.
On fait 13 nœuds de moyenne sur la route directe et 15 sur le fond, ce qui reste des belles moyennes mais c'est peu pour ce bateau qui est vraiment une super arme pour s'attaquer à ce record.
Ca restera une super expérience, notamment parce que:
- Le VOR 70 est une machine exceptionnelle et que naviguer dessus est un plaisir permanent (on notamment eu droit à quelques pointes à plus de 30 nœuds). Les montées d'adrénaline lorsque la bête s'envole sur la vague comme un 5O5 sont vraiment inoubliables. Et même dans 12-15 nœuds de vent, c'est un bonheur de sentir le bateau maintenir ses 14-15 nœuds de moyenne.
- C'est un parcours mythique et je suis content de l'avoir fait. S'entrainer dans la baie de NY, entre Manhattan et la statue de la Liberté, puis partir d'Ambrose au petit matin et arriver à Lizard à la tombée de la nuit c'est vraiment très fort. Et puis toute la phase d'échanges, organisation et inspection du bateau avec le WSSRC, puis communication radio avec les chronométreurs avait quelque chose d'assez mythique (surtout que c'est moi qui étais en charge de la partie WSSRC).
- L'ambiance à bord était excellente, et la mayonnaise a vraiment bien pris entre les 4 pros et les 8 amateurs, notamment avec Seb Audigane qui nous a rejoints quelques heures avant le départ et que nous ne connaissions pas.
- L'avantage de ne pas avoir eu trop de vent (

), c'est que les conditions de navigation étaient très agréables et qu'on a eu un vrai plaisir à être sur l'eau.
- On a croisé plein de bestioles: baleines, orques, globicéphales, requins, dauphins, marsouins et ça fait toujours quelque chose de les observer.
- J'ai appris à barrer dans le gros brouillard. C'est pas que c'est fun (au contraire), mais ça oblige à développer d'autres sensations pas inutiles pour quand il y'a de la visi.
Donc en gros on a pas trouvé ce pourquoi on s'était préparés psychologiquement et physiquement (baston, froid, humidité, stress, adrénaline, souffrance), mais on a trouvé plein d'autres choses très fortes (et auxquelles je ne pensais pas pouvoir être vraiment sensible) qui ont fait que ça restera un de mes plus beaux souvenirs de nav.
Et au final le sentiment qui domine c'est une énorme envie d'y retourner, mais avec une vraie souplesse dans la date pour pouvoir choisir notre météo et y aller à fond en mode sanglier.